Souris de papier: premier exemplaire

Premier roman publié

La réception du premier exemplaire broché est un moment d’émotion particulier. C’est un moment de mini consécration personnelle, l’aboutissement d’un vieux rêve, la satisfaction de tenir entre ses mains une idée devenue objet. Vous me demandez souvent comment m’est venue cette envie d’écrire un livre, pourquoi est-ce que je publie des romans. Pour répondre à cela, il faut plonger quelques années en arrière.

De la lecture à l’écriture

Pour ma part, la volonté d’écrire un livre est profondément ancrée dans mon enfance. Bercée par les lectures que faisait ma mère le soir, j’ai plongé très tôt dans la littérature (la comtesse de Ségur et Prosper Mérimée) avant de savoir lire. La musicalité des phrases, le choix des mots, la puissance de l’imagination m’ont ainsi conquise. Dès que j’ai su déchiffrer, j’ai dévoré (du genre : lire le tout manuel scolaire de français le jour de la rentrée). Dès que j’ai su tracer des lettres, j’ai inventé mes propres histoires.

Certes, j’ai bien écrit quelques poèmes et quelques textes humoristiques en primaire, mais c’est à l’âge de onze ans que j’ai écrit ce que j’appelais pompeusement « mon premier roman« . Il n’avait aucune commune mesure avec mes lectures personnelles de l’époque (Zola, Shakespeare, Hitchcock) : c’était bien une histoire de gamine, un récit d’aventures et d’amours contrariées, où un jeune homme pauvre nommé Léandre (merci, Molière) subissait des épreuves de toutes sortes pour avoir le droit de fréquenter sa belle et riche Lygie (merci, Quo va dis). Mais, il emplissait un cahier de 200 pages, avec des chapitres, des cliffangers et une fin heureuse, ainsi que les illustrations (merci, Walt Disney). Sans savoir que c’était l’attitude recommandée, j’avais mes mini bêta-lectrices (merci, les copines) et une correctrice, ma maîtresse de CM2 (que je ne remercie pas, car elle ne m’a jamais rendu mon manuscrit).

Écrire comme on respire

Déçue, frustrée, mais pas abattue, je me suis alors jetée dans l’écriture intensive de nouvelles, format pratique et adapté à ma boulimie de mots. Toujours abreuvée de lectures éclectiques (Barjavel, Boris Vian, Maupassant, Robert Heinlein), je me rappelle avoir recopié des pages entières juste pour le plaisir de m’imprégner des mots, des tournures de phrases. Pendant toute mon adolescence, j’ai frappé sur la machine offerte par mon père (merci, le Typex) et continué à embarquer mes camarades dans le rôle de bêta et mes professeurs dans le rôle de correcteurs (merci, la photocopieuse). J’étais consciente de mes limites, j’avais beau avoir un amour profond des lettres, j’ai toujours été nulle en orthographe et empêtrée dans des embrouillaminis de dyslexique. Cela ne m’empêchait pas de vouloir devenir écrivain. J’ai même fait protéger mes textes par le SNALC (syndicat national des auteurs et compositeurs) à l’âge de 18 ans, âge où j’ai commencé à envoyer des manuscrits aux maisons d’édition (merci, l’aveuglement de la jeunesse).

Une longue parenthèse

Quand je suis entrée dans la vie professionnelle, comme bien de mes semblables, j’ai mis mes rêves de côté. J’ai continué d’écrire pour mon plaisir, mais de façon plus secrète. J’ai publié des articles sérieux de pédagogie. J’ai fait rédiger des romans collectifs à mes élèves. J’ai failli devenir une adulte. Cette parenthèse, toujours nourrie de lectures nocturnes, de pages d’écriture quasi quotidiennes, n’était qu’une parenthèse. J’ai poursuivi en sourdine mon désir d’enfant, contacté des éditeurs, vécu des déboires, relevé le nez, recommencé. J’ai fini par le réaliser, le fabriquer et le tenir entre mes mains (merci, l’autoédition). « Souris des Villes » n’est pas qu’un livre broché, un premier roman difficile à classer, c’est un rêve devenu réalité.

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