Auteur nomade à roulettes
Quand on me voit sillonner la France avec mes caisses de livres, mon diable et mes déguisements, on me demande souvent pourquoi je fournis tant d’efforts alors que je peux vivre confortablement de mes redevances KDP en restant tranquillement derrière mon écran.
La réponse est dans la question: je ne peux pas rester tranquillement derrière un écran. Le métier d’écrivain est assez solitaire (les relations virtuelles mises à part) et j’apprécie cet aspect, car contrairement à ce qu’on pourrait penser au premier abord, je suis solitaire et timide (mais je me soigne). Je vais donc au devant de mes congénères pour me frotter à la vraie vie, rencontrer de vraies personnes, emmagasiner des anecdotes, des plaisirs et des contrariétés, tout ce qui nourrit aussi mon imagination.
Deux salles deux ambiances
J’aime également me lancer dans l’inconnu, découvrir des surprises. Les expériences des salons ne sont jamais les mêmes, et c’est toujours enrichissant (je ne parle pas de monnaie, mais de relations humaines), que ce soit génial ou raté.
Pour l’exemple, je peux vous raconter mes deux derniers salons: à une semaine d’intervalle, j’ai vécu un fiasco aux Médiévales de Tarascon, (avec la J.Robin Agency) où notre stand était flanqué d’une crêperie, d’une brasserie et d’une rôtisserie, sur un trottoir, loin des autres stands artistiques ou artisanaux réfugiés dans le château. Nous avons vu défiler des centaines de badauds, retenus par une barrière prévue pour les parades, qui n’ont pas même jeté un regard sur les collections magnifiques de l’agence. La journée s’éternisait, entre le vent, la poussière et les pépites de sève de platane qui s’incrustaient sur les couvertures. Elle s’est terminée en catastrophe par un orage qui a tout inondé malgré notre barnum, vite transformé en bombe à eau de pluie. Toutefois, ce que je retiens, c’est une grande journée de rigolades, d’échanges avec mes voisines autrices, de rares rencontres extraordinaires, dont une dame qui a obtenu sa dédicace sous le déluge au moment où nous étions en train de plier bagage.
La semaine suivante, au (premier) salon du livre de Saint-Chamas organisé de main de maître par la librairie Feuilles et Thés, nous avons été assaillis de lecteurs! Sans mentir, j’ai vu des passants avec des piles de 7 ou 8 livres sous le bras, prendre le temps d’échanger avec chaque auteur. Toujours sans mentir, j’ai dédicacé sans discontinuer de 10h05 à 17h55 (tout en papotant avec mes voisins auteurs et en dégustant le repas offert) et rencontré des personnes extraordinaires… dont une jeune collégienne qui a lu « Le cycle d’Akilàm » dans la journée et m’a commandé les suivants le soir-même.
Résultat, l’aventure se poursuit: je suis allée les lui livrer dans la semaine et nous avons pu échanger sur la littérature jeunesse (autour d’un thé avec sa maman). J’ai reçu avec délice ses remarques sur mes livres dont elle a apprécié la complexité et l’humour (je cite). Je me suis à nouveau fait la réflexion que: non, tous les jeunes ne lisent pas que des mangas; oui, la littérature a la cote. Et cette journée fut lumineuse.
En conclusion, vive les salons
Toute l’année, au fil des week-ends, des villes à travers le pays, des conventions ou des salons, j’expérimente ce genre de yoyo sensationnel. Des hauts, des bas, de l’ennui et des tourbillons. Une organisation au top, ou des flops. Si je ne m’étais pas inscrite à ces salons, je n’aurais pas vécu toutes ces anecdotes, ces rencontres extraordinaires, ces paroles à emmagasiner, ces remarques à explorer. Peu importe la dépense (d’énergie ou de frais de déplacement), peu importe la déception (salons fantômes, lecteurs absents), j’ai toujours un point positif à relever (tiens, j’ai fait du tourisme; tiens, mon voisin m’a donné une bonne adresse d’imprimeur), un enrichissement personnel à exploiter. Donc, même si à présent, je fais le tri selon la fréquentation, même si je lève le pied en fonction de ma santé, j’ai bien l’intention de continuer sur ma lancée et de partir encore longtemps sur les routes pour vous rencontrer!
Et vous, êtes-vous adeptes des salons? N’hésitez pas à me donner votre réponse ou vos expériences en commentaire.
Bonjour Laure,
qu’elle belle aventure livresque et quelle énergie. J’espère qu’un jour j’arriverai à écrire un catalogue aussi conséquent que toi, je me consacre essentiellement à mon développement réseau depuis 6 mois et cela prends forme petit à petit. J’ai rêvé il y a peu que nous faisions un salon ensemble et que je croyais avoir perdu mon portefeuille dans le TGV 😂. Blague à part je te souhaite un très bel été et merci pour cette belle inspiration que tu nous transmets. 😊
Merci beaucoup pour ce chouette commentaire, oui c’est un travail de longue haleine! Bon courage et bonne chance, ton réseau va sûrement croître avec de la patience, et on se retrouvera en salon, c’est sûr, avec aventures dans le TGV! Hi hi!
J’admire ton énergie à faire tous ces salons (ainsi que tes belles tenues), et ce que tu relates me donne fort envie de m’y essayer… un jour prochain ! 🤩
Bises lunaires
Lunerielle
Super, oui! Le travail d’auteur est assez solitaire, alors ces rencontres avec les gens, les lecteurs, les collègues, me donne beaucoup d’énergie aussi.