Résilience et feelgood

Lorsque je dois présenter mes romans, ou lorsqu’on m’interroge sur la notion de feelgood, j’utilise très souvent le terme résilience, pour évoquer le chemin de vie de mes personnages et souligner le fait que, même si mes romans sont optimistes, ils peuvent aborder des sujets sombres. C’est ma façon de vouloir démontrer que feelgood ne signifie pas forcément guimauve et bisounours.

C’est un concept souvent associé à la psychologie et à la sociologie, qui incarne la capacité à rebondir face à l’adversité.  C’est une qualité humaine essentielle qui nous permet de faire face aux défis, aux revers et aux traumatismes. Des individus placés dans des conditions pathogènes ou soumis à des événements déstructurants, résistent, les surmontent et parviennent à conserver leur stabilité psychique et une qualité de vie, malgré les épreuves traversées.

Le concept a été popularisé par le psychologue américano-suédois Boris Cyrulnik dans les années 1970. Cependant, l’idée de résilience remonte bien plus loin dans l’histoire de la psychologie. Il a a été développé par de nombreux chercheurs et praticiens, notamment ceux qui ont étudié la manière dont les individus surmontent les traumatismes et les difficultés.

Les travaux du psychiatre suisse Carl Gustav Jung sur la résilience ont exercé une influence significative sur le développement de ce concept. La psychologue américaine Emmy Werner, le chercheur Norman Garmezy, le professeur de psychiatrie de Londres Michael Rutter ont également contribué à le développer avec leurs études essentiellement sur les enfants et les adolescents. Elles  portaient sur les adaptations comportementales et les aspects socio-émotionnels, et sur les modes de défense et d’élaboration psychique des individus confrontés à des situations difficiles.

Elle influence notre vie quotidienne et notre bien-être mental. Elle renforce notre capacité à gérer le stress, à maintenir des relations saines et à persévérer dans la réalisation de nos objectifs. Elle favorise également le développement de l’estime de soi et de la confiance en soi, ce qui contribue à notre bien-être général.

Mais qu’est-ce qui distingue les individus résilients des autres, me direz-vous ? Est-elle innée ou acquise? La résilience est le fruit d’une combinaison complexe de facteurs. Elle dépend de la personnalité, des expériences de vie, mais aussi du soutien social et des ressources disponibles autour de nous. Certaines personnes semblent naître avec une capacité innée à faire face à l’adversité, tandis que d’autres la développent au fil du temps grâce à l’apprentissage et à l’adaptation.

C’est ce qui m’intéresse dans mes romans : mes protagonistes évoluent rarement seuls face à leurs traumatismes. J’apporte un grand soin à développer des personnages secondaires, à créer des rencontres (parfois improbables, parfois évidentes) qui vont donner un essor au personnage principal. Comme dans la vraie vie, où nous pouvons renforcer notre résilience en commun, ou aider ceux qui nous entourent à développer cette qualité. L‘interaction entre les individus est primordiale, c’est l’étincelle qui met le feu aux poudres.

Cultiver la résilience implique la pratique de compétences telles que la pensée positive, le soutien social et la recherche de sens dans les moments difficiles. En offrant un soutien empathique et en encourageant l’autonomie, nous pouvons également aider nos proches à renforcer leur résilience (tout comme l’éducation positive avec un enfant).

En fin de compte, la résilience nous rappelle que même dans les moments les plus sombres, il y a toujours de l’espoir et la possibilité de croître et de prospérer. C’est pour moi le sujet de fond indissociable de mes romans feelgood.

Ce sont deux concepts souvent explorés et interconnectés dans la littérature contemporaine. Alors que la résilience met en lumière la capacité des individus à surmonter l’adversité et à rebondir face aux défis, le feelgood (bien-être) se concentre sur les aspects positifs de la vie, souvent à travers des histoires qui inspirent, réconfortent et élèvent l’esprit.

Ces romans mettent en avant des thèmes tels que la croissance personnelle, la transformation et la capacité de trouver la joie même dans les moments les plus sombres. Les personnages résilients sont donc souvent au cœur des récits feelgood. Leur voyage à travers les épreuves et les obstacles offre une source d’inspiration et d’espoir pour les lecteurs.

On pourrait se demander pourquoi ce concept me tient tellement à cœur, pourquoi je m’évertue à présenter des personnages qui apprennent à rebondir, à digérer, à aller de l’avant. C’est presque une marotte d’écrivain. Quelle que soit la gravité de leurs blessures (du deuil au divorce, en passant par le handicap, le viol, ou simplement la maladresse, la timidité, la naïveté), mes personnages se relèvent, acceptent un appui dans leur entourage, trouvent un sens à leur vie.

Je dois vous avouer que c’est parce que je ne suis pas une personne résiliente ni optimiste. Cela, malgré de nombreuses tactiques entreprises (médicales ou personnelles) et une farouche volonté. Je suis incapable de rebondir face aux drames, si je donne l’impression d’avancer, ce n’est qu’une impression. Pour vous donner un seul exemple (je ne vais pas vous saouler, promis): je suis toujours en train de hurler de rage et de défoncer mon volant quand je passe en voiture devant l’hôpital où on a diagnostiqué la maladie de mon petit garçon, il y a plus de vingt ans de cela. C’est comme si la douleur était intacte, et ce, pour chacune de mes mauvaises expériences. Au fond de moi, les blessures sont béantes et le néant m’engloutit chaque jour, contrairement à mes personnages de romans, qui trouvent des voies de sortie (pas de garage, hein!) plutôt équilibrées.

Leurs chemins de vie positifs sont de merveilleuses fictions à mes yeux. J’explore un sentiment inconnu, non pour me l’approprier, mais pour rêver et faire rêver d’un monde meilleur. Bref, j’écris des fictions sur un sujet dont les mystères nourrissent mon imagination à l’infini. J’espère ainsi que mes romans ont le même effet sur mes lecteurs, qu’ils soient résilients ou pas.

Une dose d’optimisme est toujours bonne à prendre, même si ce n’est pas la panacée universelle.



N’hésitez pas à me donner en commentaire votre avis ou votre ressenti sur ce sujet, j’y répondrai avec plaisir.


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Cet article a 8 commentaires

  1. HUG

    Un excellent résumé de ce concept. Merci pour l’explication.

    1. LaureEnza28

      Avec plaisir, j’aime bien faire quelques recherches pour m’aiguiller dans mes écrits.

  2. CLO

    Un mot qu’on utilise souvent à tout bout de champ, mais là, on comprend mieux. Triste pour toi, quand même.

    1. LaureEnza28

      Merci, oui, c’est un sujet à la mode, mais qui me tient à cœur, moi qui n’aime pas la mode!

  3. 2B

    J’espère qu’à force d’écrire des romans sur ce sujet, tu vas finir par accéder à la résilience. FORZA!

  4. Vanessa

    Une bonne analyse de la situation. Courage!

    1. LaureEnza28

      Merci beaucoup! Un jour peut-être!