Plateforme d’autoédition et exclusivité, vraiment?

Comme un léger besoin de distribution…

En tant qu’auteur auto-édité, je suis auteur éditeur distributeur de mes romans. En tant qu’artisteauteur professionnel, je les ai tous référencés sur Dilicom et Electre et ils sont commandables partout en France. Dilicom est le fichier interprofessionnel du livre, qui avec Electre, sert de base de données de référence pour les libraires, les éditeurs, et les auteurs, et permet de commander des livres (cf articles de l’onglet Astuces d’Auteur).

Pourtant, après avoir essuyé plusieurs refus de dédicaces dans des établissements qui ne travaillent qu’avec la Sodis (un des plus importants distributeurs de livres en France), je me suis dit : pourquoi ne pas faire distribuer une version de mes romans par une plateforme d’auto-édition qui utilise les fameux services de la Sodis ?

J’en ai déjà testé plusieurs (cf même onglet), que je trouve assez chères et peu lucratives. Mais aujourd’hui, ma raison n’est pas de gagner ma vie avec ces plateformes d’auto-édition payantes. Comme vous l’avez compris, je veux les utiliser uniquement comme réponse au discours fermé de certaines chaînes de libraires. C’est pourquoi je tente une nouvelle expérience de plateforme payante, avec BoD dont le prix d’inscription de 19€ à l’année me paraît tout à fait raisonnable pour le service proposé.

BoD, plateforme d’auto-édition

Books on Demand se présente comme une plateforme d’auto-édition. Le siège de l’entreprise est situé en Allemagne. Son modèle économique repose sur la technologie de l’impression à la demande. Ainsi, BoD se définit comme un prestataire de services qui prend en charge le déroulement global de la production, de la logistique et de la distribution. Moyennant une participation financière de l’auteur (qui va de 19 à 749€ selon le pack choisi), les titres se voient attribuer un ISBN, sont référencés sur la base de données Dilicom par la fameuse Sodis. Ils sont ainsi disponibles dans toutes les librairies françaises et également sur des boutiques en ligne (comme Amazon).

Voici le paragraphe de présentation de BoD sur le site officiel :

« Publiez et vendez vos livres et vos ebooks en librairie. Grâce à BoD, vos titres papier et numériques sont référencés et distribués dans des milliers de librairies physiques et en ligne. Votre livre est imprimé dès qu’une commande est passée. Pour chaque exemplaire vendu, vous recevez une marge que vous avez vous-même déterminée en fixant votre prix de vente. Une solution qui n’a que des avantages : vous n’avez aucun coût de stockage et vous gardez le contrôle sur votre ouvrage. »

Ce programme est alléchant, n’est-ce pas ?

BoD plateforme d’auto-édition ?

Me voilà donc, toute guillerette, en train d’ouvrir un compte, choisir un pack de référencement BoD Classique, remplir mes coordonnées, formater mes manuscrits aux gabarits proposés sur le site, bref tout le tralala habituel. Je note que toute correction de manuscrit est payante (mais je n’en ai pas besoin puisque ce sont des livres qui sont publiés sur d’autres plateformes depuis longtemps). Je note également, que le prix des exemplaires auteur est très élevé. Bref, j’agis tranquillement, en habituée de l’auto-édition, jusqu’au moment de valider la publication.

D’habitude, un simple clic suffit sur les autres plateformes d’autoédition. Sur le site de BoD, un onglet s’ouvre avec un contrat de 6 pages à valider. Intriguée, je vérifie consciencieusement le tout, et dès l’article 4.1 je commence à tiquer. Je cite :

« L’auteur concède les droits illimités dans l’espace et dans le contenu au profit de BoD… la cession des droits s’étend à l’exploitation des droits d’utilisation que ce soit par BoD même ou par transmission lucrative ou gratuite des droits à un tiers et comprend en particulier les droits exclusifs suivants : droit d’édition, droit de traitement électronique, droit de reproduction et de diffusion, droit de remaniement, droit d’impression, droit à la publicité, etc. »

BoD auto-édition et exclusivité : incompatibilité

Au fur et à mesure de ma lecture, vous pensez bien que je reste étonnée ! Le champ lexical adopté me fait penser à celui d’une maison d’édition (alors que BoD n’en est pas une selon sa propre définition), les termes cessations de droits sont pour moi incompatibles avec la notion d’auto-édition et la proposition de garder le contrôle sur son ouvrage comme promis. Après être entrée en contact avec le service clientèle pour éclaircir ce point, j’ai eu confirmation. Je cite : « BoD n’est pas une maison d’édition mais agit en tant qu’éditeur pour les clients qui s’inscrivent en tant qu’auteur sur notre plateforme. Dans ce cas BoD apparaît bien comme éditeur dans les mentions légales. La cession de droit d’auteur est indispensable dans ce contexte pour permettre à Bod de vendre et distribuer votre livre. »

BoD exige l’exclusivité, certes, pour un an (149€ de pénalité si on tente une rupture anticipée) mais ce n’est pas ce que j’attends d’une plateforme d’auto-édition. J’ai donc annulé mon inscription chez BoD car cela ne correspond pas à ma façon de publier: je veux pouvoir multiplier les plateformes et les imprimeurs, tenter des expériences, agir en liberté (certains objecteront que j’inscris mes ebooks en exclusivité sur KDP Select, mais justement, c’est une option d’inscription facultative, pas une obligation). Bien entendu, cet article ne fait que relater une expérience personnelle et je ne mets pas en doute les qualités de BoD la plateforme à grand succès qui depuis 2013 « domine le marché de l’auto-édition européen » (sources Wikipédia).

Conclusion vers l’infini et au-delà !

Mais alors, quid de ma présence dans les établissements qui se plient au monopole de la Sodis (qui a dit qu’en France on lutte contre les méchants géants qui ont des monopoles ?) Vous pensez que je vais abandonner le projet, que ces établissements se passeront de ma présence ? Que nenni. Vous me connaissez, je vais trouver une autre solution. Suite, au prochain épisode !

N’hésitez pas à réagir en commentaire si cet article vous interpelle.

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Cet article a 8 commentaires

  1. LC

    On ne sait pas tout ça quand on lit un livre. J’aime bien découvrir les coulisses de l’édition.

    1. LaureEnza28

      C’est la jungle!!! ah ah!

  2. HUG

    Je me demande si tout ça est bien légal. Comment être une plateforme d’autoédition et exiger des conditions d’éditeur?

    1. LaureEnza28

      On peut se poser la question en effet.

    2. Blanchard Michel

      incroyable !
      où en êtes vous alors pour contourner le problème ?
      – peut être avec une autre plateforme d’autoedition qui travaille avec la SODIS?
      – pourquoi ne pas créer une maison d’édition avec un Siret adapté ?

      1. LaureEnza28

        En effet, mais c’est juste mon point de vue, de nombreux auteurs sont très contents de BoD car ils distribuent très bien. J’ai déjà testé plusieurs plateformes et éprouvé très vite leurs limites (comme gagner 30 centimes par livres).Mais je continue mes petites expériences, il y a tant de plateformes qui existent!
        Pour ma part, je ne ressens pas le besoin de créer une ME… pour l’instant!
        (J’essaie de ne jamais dire jamais !)

  3. Merci beaucoup, Laure, pour cet article.

    Votre épluchage du contrat et la découverte de la cession des droits obligatoire sont très intéressants.

    Merci pour votre aide 🙂

    1. LaureEnza28

      Merci, oui j’ai été très étonnée de découvrir cet article étant donné que ce n’est pas de l’édition. C’est pourquoi j’ai même pris soin de contacter la plateforme par mail, qui m’a confirmé cette particularité.