Auteur nomade à Montolieu, village du livre

Quinze libraires pour un village

Lorsque j’arrive dans le joli bourg de Montolieu, perché sur les contreforts de la Montagne Noire, la première impression qui me saisit est auditive, c’est le chant de la rivière qui m’accueille. Elle est en contrebas, invisible dans un fouillis de verdure couronné d’anciennes maisons d’où émerge le clocher carré de l’église Saint-André. C’est un frais murmure qui augure un séjour paisible en ces lieux. Je suis déjà charmée par le pont de pierre, quelques façades à colombage et un chat curieux qui m’emboîte le pas.

La deuxième impression est olfactive, lorsque je pénètre dans la Maison Rives : une fragrance de bois, un parfum indéfinissable de papier, une réminiscence de vacances passées dans la ferme de ma grand-mère me saute aux narines tandis que grincent les marches qui conduisent à la chambre Cédille. Dans le sillage d’un propriétaire fort sympathique, je découvre une vaste pièce carrée et lumineuse. Elle est meublée à l’ancienne, ce qui lui confère un délicieux cachet. Elle semble prévue pour une bulle hors du temps (sans télé, mais avec WiFi). Toutes les chambres possèdent un nom en rapport avec l’écriture, Esperluette, Cadratin, car le propriétaire de ces lieux est aussi un amateur de belles lettres. C’est pourquoi Olivier Maillard a choisi de s’installer à Montolieu.

Ce village situé dans le département de l’Aude, en région Occitanie, est maintenant surnommé le Village du Livre. C’est également la raison de ma présence en cette fin juin 2022 : je suis invitée au Salon du Livre des Auteurs indépendants en tant qu’auteur et c’est un honneur de participer à un tel événement dans ce lieu dédié au livre. En tant que fervente lectrice, je suis également curieuse de découvrir cette commune qui abrite quinze librairies pour seulement huit-cents habitants, un musée du Livre et pas moins d’une vingtaine d’ateliers artistiques.

Pour faire d’une pierre plusieurs coups, je suis hébergée à la Maison Rives d’Olivier Maillard, qui endosse le rôle d’hôte et de libraire et organise le salon avec l’association Ecriv’Art. J’ai peu de temps pour flâner dans les charmantes ruelles à la recherche des bouquinistes dont les vitrines rivalisent d’originalité, mais je ne peux m’empêcher de musarder sur le chemin du salon. Le village escarpé se traverse aisément à pied. Il égrène l’ombre propice des platanes, le gargouillis des fontaines. Une brochette de livres anciens plantée contre un mur m’indique le chemin, une chouette en bois sommeille sur le rebord d’une fenêtre, les volets en trompe-l’œil sont des bibliothèques et les arbres sont décorés de laine colorée. Chaque recoin est prétexte à évoquer l’art, l’originalité, la créativité. Je reviendrai pour visiter le musée des Arts et des métiers du Livre qui retrace les plus grandes avancées de l’histoire de l’écriture.

Le salon du livre des auteurs indépendants

Tout au long du week-end de dédicaces, je peux profiter du magnifique cadre de l’ancienne Manufacture Royale de draps, située un peu à l’écart, dans le bas du village escarpé. Elle abrite aujourd’hui des chambres d’hôtes, le Pôle culturel de la manufacture et l’Envol artistique, un collectif qui organise des expositions, des concerts, des pièces de théâtre et spectacles de danse. Le monument historique, protégé du patrimoine français, offre un mélange d’architecture industrielle et de classicisme du XVIIIe, émaillé de verdure quasi sauvage. Il émane des bâtiments, une splendeur vétuste, un soupçon d’abandon rehaussé de fresques magnifiques. Sur le thème des migrations et des libertés, des street artists en résidence ont graffé sur plus de 400 mètres de murs leur vision de l’histoire, notamment de la Retirada (exode des réfugiés de la guerre civile espagnole) empreinte d’émotions, de couleurs et d’espoir. En contrebas, la somptueuse salle Ramel accueille les événements temporaires. C’est dans ce lieu, empreint de partage et d’histoire, que se déroule le salon du livre des auteurs indépendants 2022, événement avant-gardiste, s’il en faut, car il couronne une tendance émergente dans les métiers du livre.

Ce texte est un extrait de l’article publié dans Carnet de Voyages (avec l’Association Française des Journalistes et des Ecrivains du Tourisme) que vous pouvez consulter en son entier en suivant ce lien: ici. N’hésitez pas à me dire en commentaire si je vous ai donné envie de voyager aussi bien à travers les livres qu’à travers les régions.

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